Premier souvenir : les grains de poussière dans la lumière…
Puis le souffle du vent dans les pins, les pignons qui noircissent les mains, le clapotis de l’eau sur la coque, l’odeur du sel sur la peau…
Les jeux pieds nus sur les chemins et dans les vignes, les cabanes dans les roseaux, le chant des grenouilles, les récoltes d’asperges sauvages, le bourdonnement des abeilles, les bras lacérés par les ronces…une enfance.
Ecole et collège sous les platanes, aux cris stridents des martinets, mélancolie et pluie, longues marches à travers la ville… solitude.
Ecoles d’art dans les villes du vent…tramontane et mistral… accident.
Puis l’archéologie, les chantiers de fouilles, la terre au plus près, les forces chtoniennes, retrouver le sens des choses par la restauration et les moulages, je rentre en préhistoire par les coulisses… vie sauvage
Dessin, peintures et sculptures s’en nourrissent.
Et puis la Californie. Big Sur, Point Lobos, la voute céleste, les animaux souverains, les noces de la forêt et du Pacifique, le bercement de la corne de brume, le roulement des galets dans le ressac, un squelette de baleine, les forêts de kelp, les arabesques des loutres, le regard du lynx …
Retour … chercher en vain tout cela, construire une maison en bois dans la forêt, au Bout du Monde… Se laisser posséder par elle, l’odeur des chênes, le cri du geai, la nuit du sanglier et de la hulotte, laisser la forêt s’infiltrer…ne rien déranger, disparaître en elle…
Lumière à travers les feuilles… ocelles mouvantes…émouvantes…Puis l’homme au chien… la rencontre…la lumière vacillante des bougies, la rivière pure, l’odeur de l’eau, le vol des demoiselles, la vie sauvage…
Petit jour : l’heure bleue… des oiseaux par millier dessinent l’espace de leur chant… je glisse lentement vers eux…..